En Italie, un cimetière sera réservé aux migrants
- Par lysanera
- Le 02/10/2019
Ce sera une première en Europe : en avril 2020, un nouveau cimetière sera inauguré à Tarsia, en Calabre, qui sera exclusivement dédié aux réfugiés décédés en mer. Des chercheurs de l'Université Sapienza de Rome ont également exprimé leur intérêt pour le projet.
Ils sont des centaines à s’être échoués sur les plages de Calabre, morts dans les eaux de la Méditerranée. Le sort de ces dépouilles destinées aux tombes anonymes n’a cessé d’émouvoir Franco Corbelli, un ancien journaliste aujourd'hui président d’une association humanitaire, Diritti Civili (Droits civils). Pendant des années, celui-ci s’est démené pour offrir à ces morts sans famille des sépultures dignes de ce nom. Grâce au soutien du maire de la ville de Tarsia, il est en train de faire aboutir son projet : la création d’un cimetière entièrement dédié aux réfugiés.
Les travaux de terrassement ont commencé cet été sur le lieu-dit de la « Colline de la Paix », à côté du site de l’ancien camp de concentration de Ferramonti di Tarsia, implanté par Mussolini en 1940. « Pour les Italiens, il s’agit d’un important lieu de mémoire, précise Franco Corbelli, parce qu’il a été le plus grand camp de concentration du pays, mais ce n’était pas un camp d’extermination. Corbelli espère pouvoir d’ailleurs organiser l’inauguration le 25 avril, date qui marque, en Italie, la fin de la Seconde Guerre mondiale.
► Le Cimetière international des Migrants doit occuper une superficie de 28 000 mètres carrés, en face du vieux cimetière communal de Tarsia, sur un lieu emblématique : la Colline de la Paix, au milieu des oliviers, qui jouxte l’ancien camp de concentration de Ferramonti di Tarsia, le plus grand d’Italie, voulu par Mussolini, qui retint prisonniers 3 800 juifs, mais, contrairement aux camps nazis, ce n’était pas un camp d’extermination.
Le futur cimetière été conçu par l’architecte italien Fernando Miglietta, qui défend l’idée des « identités plurielles ». Celui-ci a prévu, d’un côté du cimetière, une petite église, un columbarium et les sépultures. De l’autre côté, un espace sera réservé pour les rituels d’autres cultures et d’autres religions. Il y aura aussi un écran géant en forme d’œil sur lequel seront projetés en continu des images de sauvetages en mer des réfugiés. Ce sont, pour Miglietta, autant d’éléments d’une « architecture du dialogue ».
Au cimetière de Catane, un monument pour les migrants
« L’espérance des naufragés » : c’est le nom donné par les étudiants de l’Académie des Beaux-Arts de la ville de Catane, en Sicile, au monument qu’ils ont dessiné en hommage aux réfugiés et qui surplombe, depuis 2016, une vingtaine de tombes anonymes dans le cimetière de la ville. L’initiative en revient au maire Enzo Bianco, un ancien ministre de l’intérieur.
La sculpture en pierre noire de l’Etna représente un homme debout, affrontant les vagues, qui évoquent aussi des flammes.