Faire une place aux morts
L'ARBRE
L'arbre occupe une place importante dans de nombreuses cultures funéraires, où il a été souvent associé à des origines mythologiques, religieuses ou spirituelles.
Faire part rodolphe van loo (157.54 Ko)Souvent assimilé à un trait d’union entre la terre et le ciel, entre le monde des hommes et celui des dieux, l’arbre a été tout naturellement perçu comme le moyen pour les vivants d’établir un lien avec le monde des morts.
De l’arbre de la connaissance, dans la Bible, à l’arbre de vie des mythes chinois ou étrusques en passant par la sève miraculeuse de l’Haoma, vénéré par les Perses, la puissance vitale de l’arbre en a fait une figure centrale des croyances dans la résurrection, l’au-delà ou l’immortalité.
Si aujourd'hui on le voit d’abord comme un agrément dans nos cimetières, l’arbre s’exprime en réalité dans toutes les facettes de l’art funéraire – aussi bien dans les pratiques rituelles que les représentations symboliques ou les usages mémoriels.
Un élément essentiel pour organiser l'espace funéraire. Depuis des millénaires, l'arbre occupe une place importante dans les lieux réservés aux morts. On en retrouve par exemple des traces dans l'Egypte antique, où des peintures murales représentent ce que les archéologues nomment des jardins funéraires : de tout petits vergers de quelques mètres carrés, placés sans doute à l'entrée de tombeaux et dans lesquels étaient plantés entre autres des sycomores et des palmiers, des essences d'arbre liées à la résurrection. En 2017, un jardin de ce type a été mis au jour pour la première fois. Il a été découvert dans la nécropole de Dra Abou el-Naga sur le site de l'actuelle Louxor. Ce mini verger de deux mètres sur trois serait vieux de près de 4 000 ans.
A l'époque moderne, c'est l'arbre qui a d'abord servi, à structurer, aux Etats-Unis, les cimetières que les différentes communautés avaient implantés au fil de leur installation sur le territoire. Un peu partout, au XIXe siècle, on a commencé à planter des pins, des épicéas ou des cèdres rouges, qui évoquaient les forêts européennes, pour délimiter l'espace funéraire de la prairie environnante, comme ici au Bohemian National Cemetery de Wilber, dans le Nebraska.
En Grande-Bretagne, les conservateurs du célèbre Highgate Cemetery de Londres racontent que le cimetière a été créé, en 1839, autour d'un imposant cèdre du Liban planté un bon siècle auparavant. Dans certaines traditions, l'arbre a pu servir aussi pour signaler les tombes quand il n'existait ni stèle ni pierre tombale. Cela a été le cas à Hawaï, par exemple, où, pendant des siècles, les familles se transmettaient oralement, par des histoires ou par des chants, les lieux de sépultures de leurs ancêtres.